Entre une mouche agressive et une grand-mère accusatrice, un IL qui rentre trop tôt et qui La trouve face à moi, un numéro imprévu et un temps qui passe trop vite, j'ai quand même vu, dans une rue sombre et pluvieuse, une petite lueur de douceur inattendue.
Et après tout le remue ménage qu'il y a eu dans ma tête aujourd'hui, c'est la pluie qui m'apaise.
Je suis là sur les genoux, accoudée au rebord de ma fenêtre, à écouter la pluie tomber, si forte et parfois si violente, c'est aussi beau que la musique d'Alberto Iglesias dans "Parle avec elle", ça me chavire le coeur. Et ça va chercher loin, tout au fond de moi, tout ce vert, c'est si beau, si beau. Et le lilas d'Agnès, et celui de Fabrice, et celui de tous les autres.
Si j'ai un jour la chance d'avoir une maison à moi, je voudrais un jardin. Même petit.
Je voudrais être libre.
On dit toujours "oh ben ça change pas grand chose tu sais quand t'as dix-huit ans", mais ce soir je voudrais sortir, je voudrais rester sous la pluie, être trempée intégralement, je voudrais m'asseoir, face à la mer, et regarder l'eau entrer dans l'eau, laisser mon esprit s'envoler avec les goélands, sentir l'air marin imprégner mes poumons, je voudrais marcher dans les rues pavées, promeneur solitaire amoureux de la pluie et des murs de cette ville.
Je voudrais laisser mes larmes couler et dire à cette immensité bleue combien je souffre, combien j'ai mal.